Commencé en octobre 2009 et inauguré en mars 2013, notre élégant Pont Chaban-Delmas s’est fait désirer, et a aussi été décrié… Revenons sur sa lente apparition et acceptation. Un ouvrage aussi bien vertical qu’horizontal, complexe et raffiné, il convient si bien à Bordeaux !

La nécessité de franchir la Garonne entre le Pont de Pierre et le Pont d’Aquitaine n’est pas récente, après-tout un pont transbordeur avait été commencé entre les hangars du Quai des Marques actuel et la Bastide, mais, inachevé fut dynamité par l’Occupant allemand. Alors quoi maintenant, un métro ? Non, la réponse vînt avec Alain Juppé à la Mairie, il fallait boucler les boulevards urbains pour développer les deux rives de la Garonne, tout en sauvegardant la navigation fluviale et en pensant aux futurs transports en commun possibles à y aménager. Quel défi !

Il a été commandé par la CUB, dont le vote d’un pont levant a été accepté en 2002. S’en est suivis un concours pour choisir le projet définitif, de 2003 à 2005, celui de Thomas Lavigne fut retenu. Pour une ville horizontale, il fallait un pont horizontal, réalisé par un groupement d’entreprises conduit par GTM Vinci. Ses cinq travées blanches lui donnent au total 433 mètres de longueur. La travée centrale de 117 mètres peut s’élever en 11 minutes jusqu’à 53 mètres pour laisser passer les paquebots de croisières au-dessous. Ses 2750 tonnes sont levées par des contrepoids de 2694 tonnes maniés par des câbles qui s’enroulent sur d’énormes poulies situées dans les quatre pylônes gris clair. Ceux-ci étaient originellement prévus à 83 mètres mais ont été rabaissé à 77 pour répondre aux exigences de l’UNESCO. Tout comme la modification de leur esthétique, du poste de pilotage, ou encore l’obligation d’avoir un concepteur de lumière. L’ensemble reste cependant très fin, léger, élégant, surtout avec son éclairage nocturne !

Ce septième pont de Bordeaux est le plus grand pont levant d’Europe, il aurait pu s’appeler Toussaint Louverture – en mémoire au fondateur de la première république noire à Haïti – ou encore « Pont Bac-Bas » comme le fit la population durant les travaux, mais le Maire lui a préféré le nom de son prédécesseur…