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  >  Flâneries   >  Le Palais Galien, l’amphithéâtre antique

L’amphithéâtre gallo-romain de Burdigala fut construit à 700 mètres en dehors de la cité, entre 90 et 150 ap. JC, pour accueillir les Jeux offerts à la population, au milieu des vignes.

Il pouvait accueillir plus de 20 000 spectateurs, mesurait 132 m de long pour 111 de large et 25 m de hauteur. L’arène recouverte de sable formait un ovale de 70 m de long pour 47 m de large. Malgré sa taille il n’était que quatrième dans la région, ceux de Poitiers, Limoges et Périgueux étant plus grands ! Sa façade monumentale se compose de deux étages de galeries à arcades décorées de pilastres toscans, surmontés d’un attique auquel étaient fixés les mâts des cordages du velum. Les murs de l’édifice alternent sept assises de petits moellons calcaires entrecoupées de trois en briques. Ce parement de petit appareil n’était cependant pas visible car il était vraisemblablement recouvert d’une couche d’enduit blanc, ornée de stucs, sur laquelle étaient dessinés de faux blocs de taille. Les galeries supérieures, escaliers, gradins et charpente étaient en bois. Ce qui avait pour but de le rendre plus léger sur son sol d’argile où la nappe phréatique n’est pas loin…

Son plan original présente des particularités régionales : la grande travée centrale – le vomitorium – était réservée aux gladiateurs et aux animaux, flanquée de deux corridors étroits pour le personnel et donnant accès à deux petites réserves – les carceres – dans lesquelles patientaient les acteurs avant leur entrée. Venaient ensuite les traditionnels caveas réservées aux spectateurs, hommes, femmes et enfants, en fonction de leur statut social. Puis l’entrée VIP donnant sur le podium et les loges latérales situées au bord de l’arène et réservées aux invités de marque. Il ne possédait pas de galerie d’accès périphérique, le public entrait directement par les 58 travées qui évitaient les bousculades (soit 350 spectateurs par entrée) et les installaient plus facilement, les 6 autres étaient réservées aux personnels de services, gladiateurs et VIP.

Les jeux étaient souvent offerts par les magistrats ou de riches mécènes et devaient durer plusieurs jours. Ils débutaient par une grandiose procession où paradaient au son des trompettes l’editor des jeux et les magistrats municipaux, ainsi que les gladiateurs portant leurs casques et armes de parade, suivis des condamnés à mort aux mains liées et attachés les uns aux autres. Il n’y avait pas de naumachie ou courses de chars à Burdigala. Le matin il s’agissait venationes, suivaient à midi par les interludes et divertissements du meridiani, et les combats de gladiateurs munus gladiatorium l’après-midi. Tous les affrontements se faisaient sous le contrôle d’un arbitre et en présence de soigneurs. Bien que la violence fut réelle le but n’était pas de tuer l’adversaire, mais de remporter le combat par sa technique ou sa force. A la fin de celui-ci, c’était aux cris des acclamations « mite », « stans missus » ou « iugula » que la sanction tombait. Ils étaient généralement indulgents envers ceux qui avaient bien combattus, notamment parce que tuer un combattant coûtait très cher à l’organisateur puisqu’il devait alors payer un supplément au lanista qui dirigeait la troupe de gladiateurs et perdait ainsi une somme importante de revenus.

Toutefois ses activités barbares n’étaient plus du goût des chrétiens, et lorsque la ville devint majoritairement catholique au début du Moyen- Âge, les vieilles traditions romaines furent oubliées, l’enseignement de ce passé n’existant pas son souvenir s’estompa. A tel point que quelques siècles plus tard, toujours cernées de vignes, les ruines bien conservées furent surnommées « Palais Galien » en hommage à l’épouse de Charlemagne, Galiène. Son nom n’a donc rien à voir avec les romains mais provient de légendes médiévales ayant pour but de glorifier le passé de Bordeaux, tout en embellissant et christianisant ce lieu de débauches païennes !

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