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  >  Flâneries   >  À la pêche au carrelet sur le littoral

Destinés, avant toute chose, à la pêche au filet, « les carrelets », frêles constructions de bois sur pilotis, se sont imposés, au fil du temps, comme l’une des architectures typiques du paysage littoral atlantique.

Ils sont devenues, au fil des ans, un véritable classique du paysage estuarien. Parsemés, nonchalamment, le long des berges, « les carrelets » – également connus sous le nom de « pêcherie » en Vendée et en Loire-Atlantique ou encore de « ponton » en Charente-Maritime – déploient leurs curieuses silhouettes dégingandées et colorées tout le long des bords de Loire, de la Charente, de la Seudre sans oublier les rives de la Dordogne, de la Garonne, de la Gironde et celles de l’Adour. 

Perchées sur pilotis et reliées à la terre ferme par un long ponton, ces cabanes, à première vue sommaires et sans confort, auraient commencé à habiller le littoral atlantique entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle. Héritières sophistiquées des « quarlets », sorte d’épuisettes géantes utilisées pour la pêche à pied, elles sont invariablement équipées de grands filets carrés dont elles ont, au fil du temps, emprunté le nom jusqu’à l’adopter définitivement. 

Positionnés de manière horizontale par rapport à l’eau, ces pièges de mailles sont actionnés à l’aide d’un treuil afin de capturer les poissons de passage. Montés ou descendus au gré des marées, ils permettent de capturer les crevettes blanches, les petits maigres ou les sardines venus s’y perdre. Aloses et lamproies font, elles aussi, partie des prises les plus courantes. Particulièrement appréciées des habitants du Médoc, elles seront, par la suite, cuisinées sur des sarments de vigne ou au vin rouge comme le veut la délicieuse tradition culinaire bordelaise.

Patrimoine jalousement entretenu et protégé par quelques heureux privilégiés, les « carrelets » se transmettent, le plus souvent, de génération en génération. Un patrimoine qui doit néanmoins répondre à des règles strictes. Propriété privée construite sur le domaine public, ces jolies bicoques nécessitent en effet une autorisation d’occupation temporaire du domaine maritime ou fluvial. Délivrée par l’État, elle est renouvelable tous les cinq ans.

Par Sophie Danger

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