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  >  Flâneries   >  Alchimiste et chasseur de sorcières ?

Nous sommes loin de Prague en la matière mais Bordeaux aussi a traversé l’ère de la chasse aux sorcières et des sciences occultes, ésotériques, communément appelées « Alchimie » !

Jean d’Espagnet naquit en 1564 à Saint-Emilion, d’un père médecin qui avait soigné Henri IV à Pau, et d’une mère fille de secrétaire du Roi. Fort bien éduqué et côtoyant la bonne société, il devint avocat à la Cour de Bordeaux en 1590, dans l’ombre de la réputation de Michel de Montaigne. Il deviendra conseiller au Grand Conseil de Paris deux ans plus tard, et en 1601 président du Parlement de Bordeaux. En 1608 il partit pour la Cour du Roi, où l’année suivante il fut envoyé participer aux enquêtes de Pierre de Lancre sur les actes de sorcellerie au Pays-Basque ! Dans les années 1610 il siégea de nouveau à la Chambre de l’Edit à Nérac, à titre honorifique.

C’était un bibliophile, restaurateur, visionnaire, et écrivain d’œuvres guères catholiques puisqu’ésotériques. Il croyait en la pluralité des mondes, l’existence des atomes, l’immutabilité des quatre éléments, la fixité des espèces organiques, etc. Ses idées et ses recherches faisaient jaser l’ignorante populace autour de lui, son surnom « d’alchimiste » lui resta jusqu’à son décès en 1637, ou après…

En tout cas, dans l’ancienne Rue d’Enfer – l’actuel n° 8 Rue des Bahutiers – se trouvait jusqu’en 1846 sa maison, construite au XVIème siècle, cet hôtel nous est connu par sa curieuse porte conservée au Musée d’Aquitaine ! Quoi de plus étrange dans le paysage urbain bordelais effectivement que cette façade aux sculptures sibyllines derrière lesquelles il lisait et écrivait ? Une porte de rez-de-chaussée et un pignon de type Renaissance – rien de surprenant pour l’époque – deux étages à vivre classiques, mais en entre-deux hors du commun. Des angelots avec leurs instruments de musique, les Évangélistes, des créatures chimériques, des frises de végétaux, le triangle du Père-du-Fils-et-du-Saint-Esprit rappelant étrangement une structure atomique, une figure humaine comme exorcisée… Flaubert la vit en 1840 : « Je viens de voir une petite façade de maison qui vaut tous les monuments de Bordeaux par les nombreuses conjectures qu’on peut en faire sortir : le panneau principal est occupé par une figure humaine à trois faces, quatre yeux… »

Réservez vite notre visite « Mélange de Musées » pour la découvrir au Musée d’Aquitaine !

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