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  >  Flâneries   >  Beynac rugit encore et encore

Fleuron de l’architecture médiévale, le château de Beynac domine de son imposante silhouette toute la vallée de la Dordogne. 

Il est l’un des châteaux forts les mieux conservé de tout le Périgord. Juché à 150 mètres de hauteur, au faîte d’un éperon rocheux, le château de Beynac domine la vallée de la Dordogne et contemple, impassible, les eaux de la rivière éponyme qui louvoie en contrebas. Construit au XIIème siècle par les barons de Beynac ce quadrilatère irrégulier, flanqué d’un austère donjon crénelé, permettait à cette noble famille du cru d’asseoir leur puissance sur la région. Classée monument historique en 1944, cette sentinelle de pierres a vu passer de nombreux personnages clefs de l’histoire de France. Parmi eux, Richard 1er plus connu sous le diminutif de Richard Cœur-de-Lion.

Troisième fils d’Aliénor d’Aquitaine et d’Henri II Plantagenêt, roi d’Angleterre, Richard 1er succède à son père et prend couronne en 1189. Le monarque anglais hérite également des titres de duc de Normandie et de duc d’Aquitaine. Un legs précieux qui va lui permettre de faire main-basse sur le château de Beynac. Nous sommes en 1194. Adhémar de Beynac, propriétaire de la forteresse, rend son dernier souffle. Le seigneur périgourdin n’ayant pas de descendant et le comté du Périgord étant rattaché au Duché D’Aquitaine, Richard Cœur-de-Lion prend possession des lieux et l’offre à Mercadier, routier et fidèle compagnon de lutte. 

A la mort de ce dernier, assassiné en pleine rue, à Bordeaux, en 1200 par un capitaine mercenaire rival, la châtellenie va revenir à Pons de Beynac, frère d’Adhémar, et retrouver le giron familial. Elle fera de nouveau parler d’elle durant la terrible guerre de Cent Ans. Place forte du Royaume de France, le château de Beynac se dressera, avec vigueur, contre l’ennemi anglais, faisant front sans relâche jusqu’à ce que ce dernier ne capitule, laissant, derrière lui, un paysage exsangue, peuplé de ruines et de monuments éventrés.

Il faudra attendre le milieu du XXème siècle pour que Beynac retrouve, enfin, de sa superbe grâce à une campagne de rénovation de grande ampleur entreprise par Lucien Grosso. Cet homme d’affaire, qui a fait fortune dans le domaine des casinos et des boîtes de nuit, s’offre ce fleuron de l’architecture féodale en 1961 pour la modique somme de 17 millions de centimes de francs. Il n’aura, dès lors, de cesse de chercher des financements privés afin de lui rendre son lustre d’Antan et la place qu’il mérite au sein du patrimoine français. D’abord seul, puis aidé de son épouse, Denise, il y consacrera une grande partie de sa vie et de son énergie. Un dévouement total qui permet, désormais, à 100 000 heureux visiteurs de mettre leurs pas, tous les ans, dans ceux de Richard Cœur-de-Lion ! 

Par Sophie Danger

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