Ce qu’a vécu Bordeaux durant la Seconde Guerre Mondiale est souvent occulté, méconnu, tout comme la Traite Négrière il s’agit de périodes historiques dont on évite de parler. Saviez-vous que Bordeaux n’a été bombardée qu’une seule fois par les allemands et 35 fois par les alliés ?!
Pour la troisième fois en 70 ans le Gouvernement français s’était réfugié chez nous face à l’avancée des troupes allemandes sur Paris. Pétain, De Gaulle et tous les autres membres du Gouvernement, ainsi que des centaines de milliers de réfugiés, s’étaient installés à Bordeaux. L’armistice avait été demandé, l’appel du Général De Gaulle lancé, et pourtant Bordeaux fut bombardée ! 22 tonnes de bombes furent lâchées par la Luftwaffe sur le centre-ville au milieu de la nuit du 19 au 20 juin 1940, pour terroriser la population. Et plus tard il fut reconnu qu’il s’agissait également d’empêcher le départ du torpilleur Lansquenet qui s’apprêtait à prendre le large depuis les Bassins à Flot.
Les points de chute se répartissaient ainsi : 4 bombes dans la Garonne et près des Chantiers de la Gironde, 5 bombes dans le quartier de la Bastide, 2 près des docks, 1 près de la Gare du Médoc, 4 Cours de Luze, 3 rue Camille Godard, 8 entre la rue David-Johnston et la rue Camille Godard, 5 à Mérignac, 1 près de la Piscine Judaïque, 4 dans le quartier Saint-Seurin, 1 rue des Remparts et l’autre près de l’hôtel du commandant de la région où étaient les bureaux du maréchal Pétain et du général Weygand, 2 entre le cours d’Alsace-Lorraine et le cours Victor-Hugo, 2 autour de la Basilique Saint-Michel soufflant ses vitraux, 12 dans le quartier de la Gare Saint-Jean, 3 aux Cours de l’Yser et Cours de la Somme, et 4 sur les boulevards sud-ouest. Au total une soixantaine de bombes avaient été jetées sur Bordeaux faisant 68 morts et 185 blessés, dont un certain nombre étaient gravement atteints.
Cela semble beaucoup, mais ce n’était que peu en comparaison de ce que les anglo-américains allaient nous faire subir ! Leurs 35 bombardements, du 22 novembre 1940 au 18 août 1944, ont causé plus de 350 morts et plus de 600 blessés pour les plus de 4900 tonnes de bombes larguées. Principalement sur les infrastructures portuaires des Bassins à Flot et aéroportuaires de Mérignac. Ils avaient lieu en général en début de soirée, milieu de nuit ou tôt le matin, ce qui explique le peu de victimes, n’étant alors pas sur leur lieu de travail forcé ou dans les rues. Toutefois il reste une exception, le premier bombardement américain en date du 17 mai 1943 en début d’après-midi a fait à lui seul la moitié des victimes et blessés ! Difficile de les croire nos alliés quand leur première intervention pour nous délivrer a été de nos dévaster en triplant la quantité de bombes habituellement lâchées, ce qu’ils continueront d’augmenter à chacun de leurs sept autres bombardements… Il y eut six bombardements anglais en décembre 1940 (notamment toutes les nuits entre les fêtes de fin d’année), cinq en avril 1941, du 17 mai 1943 au 27 mars 1944 c’était les Américains, puis les Anglais reprirent lourdement en août 1944 avec sept bombardements, presque tous les deux jours. D’autres bombardements ont eu lieu sporadiquement tout au long de la guerre.
La Libération de la ville s’est faite en négociant le départ des troupes sans combattre.