Construit entre 1855 et 1863 par l’entrepreneur bordelais Antoine Théodore Audubert (1819-1893), l’hôtel Saint-François dit aussi de la Perle ou l’hôtel des Aigles, se situe à l’angle des rues du Mirail et Saint-François. Au numéro 48 de la rue Saint-François, son imposante façade suscite toujours autant d’admiration et d’interrogation chez les passants. En effet, à la fois harmonieuse et éclectique, on peut voir sur cette façade un balcon soutenu par un aigle de pierre. Sur le balcon soutenant la corniche supérieure, un ouvrier sculpté en manière d’atlante, et agrémenté d’un garde-corps orné du compas, semble prendre toute la dimension de l’oeuvre.

Construit en 1656, cet hôtel particulier de 45 pièces appartenait au gouverneur de Guyenne et maire perpétuel de Bordeaux en 1653, le lieutenant général Estrades. Vendu au 19^ème siècle, la ville en acquiert une partie et Antoine Audubert l’autre majorité. Il entreprit alors de grands travaux entre 1854 et 1868 en y apportant une grande modernité. Il y mit l’eau courante à chaque étage, coïncidant ainsi avec le courant hygiéniste de la seconde moitié du 19^ème siècle, équipe tous les appartements de sonnettes électriques et de porte-voix et éclaire la cage d’escalier au gaz. Ce siècle est le siècle de la révolution industrielle, de la sidérurgie et des chemins de fer. Aussi, il y est attentif et se sert du métal comme matériau de construction : la moitié de la charpente est en métal permettant une fixation solide de suspentes métalliques soutenant les planchers des étages. Cet aspect ferronnier est visible de la rue, au niveau de la porte rue du Mirail, ce qui rend l’hôtel encore plus surprenant ! Tous les éléments de ferronnerie d’art et d’ornements que l’on peut voir sont des récupérations de chantiers ! D’hôtel de voyageurs, il devient au 20^ème siècle un immeuble d’appartements. En 2012, un classement aux monuments historiques est demandé permettant d’enclencher une série de rénovations sauvant par là l’édifice (voir photos).

Clothilde Massé