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  >  Flâneries   >  L’ultime virée bordelaise de Victor Hugo

Victor Hugo, fraîchement élu député de la Seine, débarque à Bordeaux en 14 février, 1871 pour siéger à l’Assemblée nationale. Le poète-écrivain français, rentré d’exil quelques mois plus tôt, est accompagné de sa famille et de quatre domestiques. Fraîchement élu député de la Seine, il s’apprête à siéger à l’Assemblée. Nous sommes en pleine guerre franco-prussienne. Paris est encerclée et la Chambre, délocalisée, s’est installée dans le Grand Théâtre de Bordeaux. 

Tous les hôtels de la ville affichent complet et la recherche tourne rapidement court. Après un rapide passage à l’Hôtel de Ville pour y glaner des renseignements, le dramaturge frappe à la porte d’Auguste Porte. Ce négociant en vins possède un appartement à louer au 13 rue Saint Maur. Hugo y installe ses enfants avant de prendre ses quartiers quelques centaines de mètres plus loin, au 37 rue de la Course, où Eugène Porte, frère d’Auguste et propriétaire des lieux, accepte de lui réserver deux chambres. 

L’homme de lettres peut désormais se consacrer à ses ambitions politiques. Il donnera trois discours à l’Assemblée de Bordeaux. Celui du 1er mars restera dans les mémoires. Devant ses pairs, il exhorte à refuser un traité de paix humiliant et milite pour la poursuite de la guerre contre l’impérialisme allemand. Il démissionne en pleine séance une semaine plus tard. 

Cette virée bordelaise mouvementée prendra fin de manière tragique. Le 13 mars, Charles, son fils, meurt subitement dans le fiacre qui le mène au restaurant Lanta – aujourd’hui la Closerie Gambetta – où l’attend son père. Victor Hugo quitte définitivement Bordeaux le 17 mars pour rejoindre Paris où Charles sera enterré. 

Victor Hugo disparaît à son tour en 1885. Il a 83 ans et laisse derrière lui une œuvre monumentale. Une semaine après son décès, le conseil municipal de Bordeaux s’associe au deuil national décrété après sa disparition et renomme les fossés de l’Hôtel de Ville cours Victor Hugo.

« Bordeaux est une ville curieuse, originale, peut-être unique. Prenez Versailles et mêlez-y Anvers, vous avez Bordeaux… Il y a deux Bordeaux, le nouveau et l’ancien. Tout dans le Bordeaux moderne respire la grandeur comme à Versailles ; tout dans le vieux Bordeaux raconte l’histoire comme à Anvers… Ajoutez à cela, mon ami, la magnifique 

Gironde encombrée de navires, un doux horizon de collines vertes, un beau ciel, un chaud soleil, et vous aimerez Bordeaux, même vous qui ne buvez que de l’eau et qui ne regardez pas les jolies filles. Elles sont charmantes ici avec leurs madras orange et rouge comme celles de Marseille avec leurs bas jaunes. »

Voyage vers les Pyrénées, Victor Hugo.

Sophie Danger

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