Aujourd’hui Promenades à Bordeaux vous partage l’histoire d’un grand homme, au sens noble du terme. Un rendez-vous imaginé et commenté par Hela Mansour de Bordeaux Walking Tours.

Le parcours d’Aristides de Sousa Mendes est remarquable. Né le 19 juillet 1885 à Cabanas de Viriato au Portugal, il étudie le droit à l’Université de Coimbra avant d’épouser une carrière de diplomate qui le conduit aux Etats-Unis, au Brésil et en France, plus particulièrement à Bordeaux, où il laissa une trace indélébile. En 1940, alors que le gouvernement français se réfugie à Bordeaux après sa défaite, Sousa Mendes, en poste au Consulat du Portugal, constate la détresse des réfugiés et décide de désobéir aux directives du gouvernement Saint-Lazare. Il délivre, sans distinction, plusieurs milliers de visas aux personnes menacées souhaitant fuir la France !

Il reçoit dans les locaux du Consulat une délégation de réfugiés conduite par le rabbin Chaim Zvi Kruger et promet de délivrer des visas de transit à tous ceux qui en ont besoin. Il ajoute même, que ceux qui ne peuvent pas payer les frais de délivrance des visas obtiendront gratuitement ! Il aménage ensuite au Consulat un bureau de fortune et commence avec l’aide de deux de ses fils et de quelques juifs à délivrer des permis d’entrée. Pendant trois jours et trois nuits, il travaille sans relâche avant de s’effondrer une fois la tâche terminée. Entre le 15 et 22 juin 1940, il délivre des milliers de visas avec la complicité du rabbin Kruger.

Il y a trois ans, j’ai eu la chance de guider un groupe d’Américains qui quelque part ont survécu grâce à son action. Ils étaient venus spécialement en Europe pour lui rendre hommage à travers un pèlerinage commençant à Bordeaux pour se terminer à Lisbonne, où Sousa Mendes est décédé le 3 avril 1954.

Pour mieux comprendre la dimension du personnage et son acte de courage, je vous laisse quelques dates marquantes de sa vie. En 1966, le Mémorial de Yad Vashem en Israël l’honore du titre de « Juste parmi les nations ». En 1986, le 15 novembre, il est décoré à titre posthume par le président de la République portugaise Mário Soares avec « l’Ordre de la liberté » au grade d’Officier et sa famille reçoit des excuses publiques. En 1994, la ville de Bordeaux donne son nom à une rue et à une école du quartier des Chartrons, et le président portugais Soares dévoile un buste du consul à Mériadeck, ainsi qu’une plaque au numéro 14 quai Louis-XVIII, adresse du consulat du Portugal en 1940. Une adresse que je serais ravie de vous faire découvrir lors d’une prochaine balade…

Hela Mansour