Qu’elles soient le fruit de l’imagination collective pour maintenir les enfants hors de certains lieux ou des affaires des adultes, ou qu’elles soient la déformation alambiquée d’une rencontre avec un animal, ces créatures légendaires ont traversées notre imaginaire et nos inquiétudes jusqu’à nous parvenir aujourd’hui, risibles..

Alors qu’il sortait de chez lui, un jeune boulanger du quartier Saint-Michel était sans cesse suivi par un gros chat jusqu’à son lieu de travail. Un jour, il le saisit et l’emporta, dans ses bras l’animal devint de plus en plus lourd, arrivé à la boulangerie l’animal pesait bien plus que son poids ! Le chat le regarda alors puis éclata d’un rire effrayant avant de s’enfuir ! L’apprenti comprit qu’il avait eu affaire à un loup-garou…Il y a encore 150 ans l’on avait peur de se transformer en loup-garou rue Camille Sauvageau !

A la même époque, sur la petite place actuelle du Mirail, on s’apprêtait à détruire un puits qui avait une légende à propos d’un basilic… Tout au fond du sombre puits vivait ce serpent monstrueux aux yeux de foudre qui terrorisait la population ! Pour ne pas être sa victime, il fallait le voir avant d’être vu ! Un jour, une jeune servante dénommée Oudelette, eut l’idée d’introduire un rayon de soleil via un miroir dans le puits qui foudroya l’animal ! Une autre version dit qu’il fallait sacrifier quelques jeunes filles vierges pour calmer la bête et que ce fut un jeune soldat revenu des croisades qui mit un miroir dans lequel la bête croisa son propre regard et mourut !

Selon la légende médiévale, un dragon aurait fait son nid dans la vieille tour romaine proche de la Porte Dijeaux, dans la rue de la Vieille Tour. Il fallait le nourrir en lui livrant chaque dimanche une jeune vierge qu’il dévorait tranquillement pendant la semaine. En cas de refus, il avait prévenu les habitants qu’il propagerait la peste sur Bordeaux ! Mais un jour, vînt une jeune fille désignée qui apprit que le dragon pouvait être vaincu en lui faisant voir un fragment de la crosse de Saint- Martial (qui aurait lui-même déjà vaincu un dragon) ! La relique étant à Limoges, on alla la chercher, et lorsque la jeune fille la montra à la bête, celle-ci fut effrayée et s’échappa pour se réfugier dans la Garonne !

Les hantaoumes sont familiers des sorcières, ils entrent la nuit dans les habitations par les trous des serrures, se jettent sur le dormeur pour lui presser le ventre et la poitrine, l’empêcher de parler et de respirer ! Quelques fois, ils le découvrent seulement, ou lui tirent les pieds pour l’emmener dans leur monde mystérieux… Qui n’était peut-être pas loin quand on sait que les sorcières tenaient leurs réunions invoquant Lucifer dans les ruines du Palais Gallien…

Gros-Os était un bon géant d’une force incroyable qui habitait sur une île au milieu du fleuve, il aimait s’entourer des sirènes de la Garonne, celles-là même qui terrifiaient les marins en les tentant. Il faisait payer un droit de passage aux bateliers et marins en échange d’une branche de cyprès ou de houx qui devait préserver le voyage jusqu’à l’océan de tout danger. On dit aussi qu’il provoquait les bénéfiques inondations qui fertilisaient les terres ! Ou encore que ce fut grâce à lui que les Français remportèrent la bataille de Castillon en 1453…