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Aujourd’hui, nous vous ouvrons les portes du Musée de Libourne. Une visite privée avec la nouvelle directrice Caroline Fillon.

Bartolomeo MANFREDI 
Jésus chassant les marchands du temple 
Huile sur toile, 162 x 244 cm 
Inv. 2019.1.22 
Musée des beaux-arts de Libourne, photographe Jean-Christophe Garcia

« Nous sommes à l’intérieur de l’Hôtel de Ville, un bâtiment historique. Il y a deux grandes salles qui permettent d’exposer les collections permanentes. Le bâtiment date du 15e siècle mais cette aile pour le musée date du 19e dans le style néo gothique. Dès l’origine, il faut savoir que cette salle a été conçue pour être un musée. Ceci explique donc toute la hauteur sous plafond, imposante par rapport aux tableaux. La création du Musée des beaux-arts de Libourne date de 1818. Au départ il était entreposé dans un petit couvent jusque dans les années 1830. Puis dans les années 30, c’est ici que l’on va accueillir le public. Dès le début, il y a de belles toiles. Élie Decazes est né autour de Libourne, au cours de sa carrière il est devenu l’équivalent de premier ministre. Il était président du conseil de Louis XVIII, dont il était très proche. Cette relation de proximité a motivé́ de très beaux dépôts des collections nationales, d’Etat dans ce lieu dès 1818. Nous avons des petits chefs d’oeuvre et peu de personnes savent qu’ils sont ici. Je vais d’ailleurs vous présenter l’une d’entre elles.

Style Le Caravage

Ce tableau, a prêté au MET Museum de New York en 2017, il a été vu en trois mois par presque 300 000 personnes.

Description de l’oeuvre

Tous les principes du Caravage ont été repris par son élève préféré Bartolomeo Manfredi, dans ce tableau : Jésus chassant les marchands du temple, huile sur toile, 162 x 244 cm. On a le clair-obscur, le traitement des figures qui n’est plus idéalisé. Ce personnage là est assez intéressant car il est différent des autres dans son traitement, il est beaucoup plus musclé. De plus, cette position totalement impossible porte à croire que nous ne sommes pas loin du maniérisme. Il a certainement eu peur puisque Jésus rentre dans le temple, il se rend compte que les marchands sont en train de faire du commerce dans la maison de son père, il est donc très en colère. C’est donc pour ça qu’on lit des réactions de peur, de surprise, de colère…Il est rare de voir Jésus en colère. Le peintre dévoile des vendeurs de bétails dans une église, on voit aussi un changeur de monnaie qui compte son argent dans un lieu sain ce qui est horrible. Pour finir, il y a une liseuse de bonne aventure, elle récupère un oiseau qu’elle met au-dessus de sa tête, elle le lance à terre et selon la façon dont il se pose sur le sol elle va prévoir l’avenir. Imaginons : il tombe et se casse le nez cela signifie que dans l’année il va y avoir un drame. Matérialisé par ce rideau qui coupe la scène en un tiers deux tiers, on a la religion et le monde païen. Ce qui est intéressant à remarquer c’est ce personnage au milieu, posté entre les deux (la religion et les païens) :on suppose qu’il s’agit d’un autoportrait de Manfredi. Il nous regarde, il nous fait entrer dans cette scène par le jeu des regards. Sur le tableau, on l’a redécouvert après la restauration. »

Par Romain Beniguel, responsable de la médiation 

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