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Pinasse bassin d'Arcachon

Bateau de pêche traditionnel utilisé, depuis des siècles, par les marins landais et girondins, la pinasse est devenue une embarcation dédiée aux loisirs. 

 

Son nom chantant évoque, tout à la fois, la douce odeur des pignes de pin et les bruits sourds des rouleaux de l’Atlantique. La pinasse, embarcation traditionnelle des Landes de Gascogne, s’est imposée, au fil des ans, comme l’un des fleurons du patrimoine naval de ce vaste territoire aux contours façonnés par les remous de l’Atlantique. Des siècles, en effet, que ce curieux canot, flanqué d’une étrave haute pour mieux fendre les vagues, traîne sa silhouette longiligne et étroite sur les eaux troublées de cette portion d’océan. 

Difficile, pour autant, d’en dater l’existence avec précision. Et si les spécialistes s’accordent à penser que son usage est multi-centenaire, les premières traces écrites attestant de sa présence dans la région, et notamment dans le Bassin d’Arcachon, ne remontent toutefois qu’au milieu du XVIème siècle. A l’époque, selon les historiens, ces barques à fond plat appartenaient toutes à des notables locaux. Propriétaires forestiers, patrons de petites industries ou commerçants aisés, ils en finançaient la construction et se rémunéraient, en contrepartie, en poisson frais.

Dédiées à la pêche, les pinasses ne peuvent pourtant pas être considérées comme des bateaux de pêcheurs à proprement parler. Du moins pas encore. A leur bord, pas de marins professionnels mais des résiniers, des métayers ou des ouvriers dont la préoccupation première est, avant tout, d’améliorer leur ordinaire et celui de leur famille. Une activité indispensable à la survie économique de chaque foyer mais néanmoins risquée car l’océan atlantique et ses courants vigoureux ne s’apprivoisent pas facilement. Les sorties en mer sont donc rares et seul le « pilote » peut en prendre l’initiative. Qu’il juge les conditions favorables et le son de la burne, gros coquillage marin, vient aussitôt troubler le brouhaha du quotidien pour battre le rappel des troupes.

Il faudra attendre le tournant du XXème siècle, pour voir les pinasses évoluer. Peu à peu équipées de moteurs, elles deviennent plus simples à manœuvrer. Une aubaine pour les sardiniers et les ostréiculteurs mais aussi pour les touristes qui aiment à y embarquer pour des virées payantes le long des côtes. Une activité lucrative qui va pousser certains propriétaires à y adjoindre des éléments de confort comme des couchettes, une cuisine… Détournées, progressivement, de leur usage initial, ces robustes esquifs sont désormais dédiés, dans leur grande majorité, à la simple plaisance. Une utilisation de loisir qui n’empêche pas de veiller, jalousement, à ce patrimoine incomparable. Chaque année, fêtes et courses sont organisées pour en raviver la mémoire et en perpétuer le souvenir.

Par Sophie Danger

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